Véronique Staffe est architecte en bio-construction à Frasnes-lez-Anvaing. Avec son mari Thierry Billiet, ils ont créé avec "Architecture et Harmonie", leur manière de concevoir un habitat sain et écologique tout en participant à la protection de l'environnement et à la gestion des ressources naturelles.

 


 

 

Propriétaires d'une maison au Bois de Martimont à Frasnes, Véronique et Thierry l'aménage selon les techniques propres à la bio-construction tout en sensibilisant le public avec des conférences et des ateliers d'auto-construction éphémère de murs en bois cordé et l'application d'enduit à l'argile.

Rencontre réalisée en 2005

 

Le retour aux origines

"... Nous sommes ici dans la maison de mon grand-père rue JB Clamart à Frasnes-lez-Buissenal. Il a construit cette maison parce qu’il était instituteur en chef et qu'il surveillait l’école juste en face. Au début, quand on s’est installé ici avec Thierry, on ne se sentait pas dans la maison. On se sentait avec l'école et  vivait avec. On a même planté un arbre pour essayer de se cacher un petit peu de l'école. Finalement, je suis revenue à mes origines familiales. Mes parents ont habité à Harchies à côté de Bernissart mais Thierry et moi, on a décidé de revenir à Frasnes parce qu’on aimait beaucoup la région. C’est la région des collines, c'est très joli et en même temps, ce n’est pas loin de la Flandre. Thierry est gantois d'origine. Il avait peur que le néerlandais lui manque et il s'est dit : « ici à cinq minutes près je peux vite aller faire un saut en Flandres pour parler flamand »… Mais finalement, il n'a jamais dû le faire et il est devenu un vrai wallon ! ..."

 
Maison réalisée à Tournai

Le chemin vers la bio-construction

J'ai besoin de passion pour faire les choses. J'ai d’ailleurs failli abandonner l'architecture en deuxième année parce que je ne voyais pas comment je pouvais réaliser ma passion à ce moment-là. C'est après que j'ai compris que je pouvais faire de l'architecture autrement. Pour le bien des gens. Donc au départ c'était un moyen pour moi de créer des espaces harmonieux, où on se sent bien, où on se ressource. Ensuite j'ai fait un autre chemin qui est le chemin justement de la bio-construction. Je me suis rendue compte que pour arriver à ces effets positifs, on utilise des éléments naturels. Au fur et mesure je me suis rendue compte de l'importance de la nature. Puisque je me sers de la nature, il faut aussi que je la respecte, c’est le côté écologique appliqué à l'habitat. On utilise des matériaux naturels qui demandent très peu d'énergie à la fabrication. Notre clientèle est composée surtout des personnes soucieuses du respect de la nature ou qui font attention à leur santé. De toute façon l'un se mêle à l'autre. C'est aussi ainsi qu'on a appris à faire attention à notre alimentation, un chemin qui va de soi et que je suis devenue membre de l’association « Nature et progrès" qui milite pour notre santé et celle de la terre, à m'intégrer dans leurs équipes.

La perfection n'est pas de ce monde

Au début j'étais peut-être un peu plus extrême car je voulais la perfection, c’est-à-dire faire la maison parfaite. Puis je me suis rendu compte que comme la personne n'est pas parfaite, la maison en est le reflet. Mais il y a toujours un endroit où je me dis « … tiens là, cela aurait pu être parfait mais ca ne l'est pas. Ce n'est pas grave parce qu’en fait c'est le reflet de la personne… ». Dans chaque maison que j'ai réalisée, il y a toujours un petit regret car je veux approcher un peu plus encore la perfection biologique ou biotique de la maison..."

   

Une réalisation à Ollignies

 

La technique du bio-climatisme

On ne construit pas en bio de la même manière que pour les constructions classiques. Si je prends l’exemple d’une maison en ossature bois réalisée à Tournai, on fait en sorte que la moindre humidité s'échappe vers l'extérieur et s'assèche. On garantit des maisons beaucoup plus durable dans le sens de durée et aussi dans le sens de développement durable puisque ce sont des bâtiments qui sont écologiques. Au début de la construction, tous les voisins venaient voir le chantier et demandaient si on était sûr que ça allait tenir ! C'était la première maison que je faisais en ossature bois, j'avais une petite appréhension mais un ingénieur avait tout calculé. L'avantage d'utiliser une ossature bois, c'est permettre une isolation beaucoup plus performante avec moins de ponts thermiques, donc moins de fuites d'énergie. Comme le jardin est orienté sud, j’ai utilisé le solaire passif pour faire du bio-climatisme. C'est une de mes passions, le bio-climatisme. En plus de la bio-construction et l'écologie appliquée aux bâtiments, le bio-climatisme, c'est valoriser l'aspect énergie avec une maison qui consomme très peu d'énergie. 

 
Ollignies

 

 
En route vers la maison du Bois de Martimont

 



Thierry Billiet et Véronique Staffe


Le bureau d'architecte de Frasnes


L'harmonie de l'architecture

"... La rencontre avec Thierry s’est faite pendant les études d'architecture à Mons. Nous étions voisins de chambre. On s'est lié autant affectivement que professionnellement puisqu'on travaille tous les deux en tant qu'architecte indépendant avec notre bureau qu’on a appelé « Architecture et Harmonie parce que le but de notre travail c'est de créer des espaces harmonieux pour que les gens s'y sentent bien. La passion pour l'architecture, j'y ai pensé dès mes primaires. J’avais envie d’étudier soit l’architecte soit devenir professeur. Dans ma famille il y avait beaucoup de professeurs. Par contre, mon grand-père paternel était inspecteur de l'urbanisme et ma grand-mère, un passionnée de l'architecture. C'est presque héréditaire de s'intéresser à l'architecture..."



Architecture et harmonie 
avec le pinceau de Véronique staffe

Le besoin du ressenti

Il y a d'autres architectes qui fonctionnent un peu comme nous. On a chacun notre personnalité et notre manière d'aborder la chose. Pour nous c'est d'abord de vraiment bien coller à la personne. Je vais parler pendant une demi-journée ou une journée avec la personne pour savoir ce dont elle a besoin, ce qu'elle sait dont elle a besoin mais aussi ce qu'elle ne sait pas et c'est ca qui est assez agréable, le fait de pouvoir aller plus loin, de ressentir la personne. Par exemple pour la première maison que j’ai dessiné, le client voulait une maison où toutes les pièces étaient fermées avec plein de portes et de cloisons. Je ne le ressentais pas comme ca parce que c’est quelqu’un qui aime les grands espaces libres. Il me répond que c'est vrai mais il a tellement de meubles qu’il faut des murs !

Donc je lui ai proposé de réfléchir à une maison où il n'y avait pas beaucoup de murs contraignants par rapport à l'espace mais qu'il y ait suffisamment de murs pour mettre les meubles. Le problème c'est qu'au fur et à mesure que je dessinais sa maison, il achetait encore des meubles. Je lui ai dit "maintenant vous arrêtez parce que la maison va devenir trop grande..." Cet exemple pour dire que notre but c'est d'abord la personne. Le résultat n'est pas bon si la maison n'est pas le reflet de la personne. Il faut qu’elle soit comme un gant et qu'elle colle vraiment à la peau. D'ailleurs en bio-construction, on dit que la maison est une deuxième ou une troisième peau, si on considère les vêtements comme deuxième peau et la maison comme la troisième. Si je sais que je n'aboutis pas à ce résultat positif, je n'ai pas la même énergie pour créer.


Ollignies


De quelle manière ? D'abord capter le solaire passif, s'ouvrir au soleil et en fonction de l'orientation, privilégier les fenêtres côté sud, ouest et est mais en moindre proportions côtés est et ouest. Au nord, ne presque pas ouvrir. Une façade sans fenêtre du tout, c'est assez dur donc on met quelques petites fenêtres comme celle du WC ou de la buanderie. Après on capte et on retient la chaleur. Cela passe par l’isolation. Plus on isole le bâtiment, plus  il faut faire attention à ne pas avoir de ponts thermiques parce que ce phénomène (qui est une fuite d'énergie) peut aussi créer de la condensation à cet endroit. Techniquement il faut résoudre ce problème, que cela soit techniquement possible sur chantier et que l'entrepreneur le fasse correctement. Des thermographies - photos infrarouges du bâtiment – permettent de vérifier s'il n'y a pas de ponts thermiques. On peut pousser vraiment les choses très loin par rapport à cet aspect énergétique du bâtiment.

Le but du jeu c'est finalement d'avoir un confort thermique très bon à l'intérieur. Si on isole bien et qu'on laisse passer le soleil, dès qu'il y a un nuage qui passe, on a une sensation de froid. Pareil entre le jour et la nuit, il fera bon pendant le jour et froid pendant la nuit. Donc il faut faire très attention à ne pas avoir de volants thermiques - des fortes différences de température en fonction du temps qui passe -. On utilisera des matériaux lourds du style blocs de terre cuite ou même de terre crue. Parce que c'est le meilleur d'un point de vue santé, le chauffage se fera par rayonnements par le sol - bien réglé sinon on aura de problèmes au niveau des jambes - mais nous on préconise vraiment le top : chauffer par les murs. Au lieu de mettre des tuyaux dans le sol pour chauffer le sol on placera des tuyaux dans les murs pour chauffer les murs pour obtenir une véritable sensation de bien-être à l'intérieur du bâtiment…
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