Il
était habituel que l’Eglise récupère des lieux sacrés
anciens et les christianise par un signe comme une croix...
ou par l’implantation d’un ermitage. Les ermites se
relayaient, mais le lieu restait. Il y avait une
permanence. Or, le site de la Verte Voie est sacré et
magique pour les Celtes : il y a les sources et les
arbres auxquels on rend un culte ; il y a un menhir.
L’endroit est donc assimilé par le christianisme et
marqué d’un ermitage. Enclus signifie d’ailleurs
ermitage – un enclos - ; de même, Kluis signifie
ermitage... Mont de l’ermitage.
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L’histoire
de l’Enclus conserve des traces de plusieurs ermites à
des périodes différentes.
Ainsi vers 1148, une légende, celle des
faux-monnayeurs, se réfère à un ermite chef de brigands.
Ainsi vers 1708, le pasteur d’Amougies écrit au doyen
de Renaix pour se plaindre de la présence d’ermites qui
attirent ses paroissiens et les poussent dans des excès.
Comme on le voit, l’idée d’ermitage est une constante
pour l’Enclus. L’ermitage de la Verte Voie, on en
trouve trace dans un vieil atlas à l’administration
communale.
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L’Ermite
sort de sa torpeur méditative ; il s’active,
frappe régulièrement sur une barre en fer ou agite une
cloche...
"Tiens
le brouillard se lève; sale temps pour les voyageurs qui
traversent la forêt sans foi ni loi ! Déjà, les
voleurs en tous genres qui s’y cachent doivent se préparer.
On aiguise les couteaux, haches et piques. Je les devine
en train de s’enivrer et de fêter le butin espéré.
Mon rôle est d’orienter ces voyageurs égarés vers
l’ermitage, de les accueillir, de les réconforter.
Activons le feu qu’ils voient la lueur ! Sonnons le
fer qu’ils suivent le bruit ! Par ici, hommes de
bien.
Par ici.
La forêt est sans pitié...
Par ici "... |

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Oui,
la forêt est sans pitié. Tous les auteurs qui en parlent
(Henri Conscience, Alexandre Dumas, Cécile Ameye et bien
d’autres) en font une description effrayante. C’est
une forêt sombre, épaisse, primitive.
C’est le refuge des hors-la-loi de tous genres.
Les charbonniers qui y vivent et fabriquent le charbon de
vois ont l’âme aussi
noire que leur peau.
Qui y pénètre et s’y égare n’en revient
jamais et la population des villages environnants a conclu
à la présence de sorciers, démons, objets qui s’animent
et dévorent les imprudents... Univers effrayant. Mais une
réalité proche met pourtant en valeur ce caractère
dangereux de la forêt.
Ainsi,
le dimanche 11 juin 1724, la chasse de St Hermès est
attaquée, pendant le Fiertel, au Muziekbos.
C’est une bande de dangereux brigands qui tente
le coup : la bande des Egyptiens. Ainsi encore à la
fin du 18e siècle,
début du 19e siècle, plusieurs bandes écument la région.
Je citerai, entre autres, la bande de Jean-Baptiste
Lefèbvre dit « Sans doigts ». D’ailleurs
une autre belle légende de Mont de
l’Enclus a conservé la trace de cet aspect
dangereux de la forêt : la légende des faux
monnayeurs. Ecoutez plutôt : En 1148, deux seigneurs
flamands s’égarent dans la forêt en revenant de
croisade.
Ils aboutissent à un ermitage occupé par un vieil
ermite qui les accueille pour la nuit.
Méfiants, ils ne dorment que d’un oeil et ils
voient l’ermite se transformer en un homme bien solide
et disparaître par une trappe.
Ils le suivent et découvrent une bande de brigands
occupés à fondre des métaux précieux, des objets sacrés.
C’est
l’ermite qui les dirige.
Après avoir averti le Comte de Flandre, Thierry
d’Alsace, ils reviendront arrêter les faux monnayeurs
et le prétendu ermite finira pendu aux créneaux du château
de Gand.
Dangereuse forêt que celle de l’Enclus ...
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