
Emile
Hansart, une des figures emblématiques de la commune de Frasnes !
Un parcours de « Citoyen du Monde » avec en point de
mire, des engagements militants. Contre le désordre
économique établi. Pour un monde plus solidaire et pour
la survivance du patois local |
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Portrait d’hier,
d’aujourd’hui et de demain. Parce que le monde évolue sans
cesse et parce que Emile, à plus de 80 ans (en 2005), n’est pas prêt de
laisser tourner la terre et ceux qui la dirigent comme bon leur
semble …
Reportage réalisé en 2005 |
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Point de départ :
« le Hameau de la Guerre » dans le Bas-Forest,
théâtre de quelques années de son enfance mais aussi d’un
combat, celui engagé et perdu contre le tracé de l’autoroute
A8 dans les années 70.
"...
Je
suis né en 1924 sur le Haut Forest. Mon père était le 7e d'une
famille de 7 et d'une petite ferme de 7 ha aussi. On a souvent déménagé
mais toujours dans l’entité de Frasnes. Je me souviens par
exemple qu’à Montroeul-au-Bois, on a été mis à la porte
d’une maison suite à des élections, parce qu’on n’avait
pas voté pour le parti du propriétaire. A ce temps-là, il n'y
avait pas d'assurance pour le locataire. Mon frère est né à
Montroeul. Nous sommes venus habiter ici au Hameau de la guerre
où il y avait 1 ha et demi, 2 ha de terre, une petite bricole
comme on disait dans le temps. On a quitté Forest en 37. J'ai
habité ici 5-6 ans. Je peux encore faire la carte de Forest,
des sentiers, j'ai tout ça en image dans ma tête, plein de
souvenirs. Je n’ai pas habité Forest longtemps, ma maison
natale sur le Haut Forest a été abattue mais on a reconstruit dessus. Et puis de
là, nous sommes partis à Frasnes-lez-Buissenal où j'habite
maintenant.
Le combat contre l'A8
Maintenant
au Hameau de la Guerre, l'autoroute passe en plein dedans. La
maison dans laquelle j’ai vécu a été détruite pour la
construire… On ne
sait pas refaire une maison au dessus de l'autoroute bien sûr...
Ah ! le combat contre l’A 8, c’était un combat avec
des fermiers, avec des environnementalistes, un combat perdu, le
pot de fer contre le pot de terre... ça a duré 3-4 ans. On a
perdu, il y a eu des recours, on a retardé, mais finalement on
a perdu quand même. Certains fermiers qui n'étaient pas
concernés ont donné un coup de main au fermier qui était
exproprié mais les autres ne bougeaient pas trop. Les syndicats
des ouvriers et des fermiers étaient divisés… Enfin voilà
c'est comme ça ! J’ai d’ailleurs écrit une chanson en
patois qui racontait la lutte contre la pollution. Une chanson
à la base du combat contre l'A8...."
Le hameau coupé par
l'A8

L'A8 aujourd'hui

La Compil d'Emile en 10 chansons picardes
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Devant le Hameau de la
Guerre à Forest
Le chemin qui menait au
hameau

Le Hameau aujourd'hui
La
croissance pour qui et pourquoi ?
"... L'A8
pouvait se faire ailleurs qu'ici en utilisant l'ancienne route
qui va de Tournai à Bruxelles car à l'origine elle ne passait
pas ici. La ligne la plus droite entre Tournai et Bruxelles, ça
passe au sud de Renaix et d’Ellezelles, mais les flamands ont
refusé, ils n'en voulaient pas, alors les wallons ont dit oui … et ça a coupé Forest en deux. La partie importante de
Forest est quand même sur la droite avec l'église là-bas. L'A8,
c'est pour les transports bien sûr ! Aujourd'hui, on a 5
millions de véhicules utilitaires en Belgique (auto, camion,
tracteur, moto). Or, nos élus prônent une croissance de 2,5%.
Cela fait qu'on double tout les 35 ans. Si on suit ce
raisonnement, nous aurions 10 millions de véhicules dans 35 ans.
Où va-t'on les faire rouler? Et on nous
parle chaque jour de pénuries de carburants, de
pollutions … Où est ce qu'on s'en va ? Je ne sais pas... C'est
un mythe la croissance de 2,5%, on ne peut pas croître indéfiniment
dans un monde fini !
..."
Une
vie de fermier et d'enseignant
"...
Mon
père était ouvrier et puis vu qu'il était fils de fermier, on
a donc repris une ferme de 7 ha à Frasnes-lez-Buissenal. Et puis
on s'est agrandi, on a loué des terres aux voisins et c'est mon
frère maintenant qui cultive les terres, moi j'ai quitté la
ferme. J'ai une soeur aînée, un frère et deux soeurs jumelles.
Nous étions 5. Ce n'était pas une grande famille dans le temps.
C'était une famille ordinaire. Et ensuite, j'ai fait 5 ans d'études pour l'enseignement, un an de préparatoire et 4 ans de normales à Braine-le-Comte.
Je suis sorti en 43, c'était la guerre, je n'ai pas eu
de place et je suis devenu fermier pendant une quinzaine d'années. Puis je me suis marié et j'ai
changé de métier, j'ai enseigné. Le doyen de Frasnes m'a proposé de devenir maître de
religion. Et j'ai enseigné la religion pendant 22 ans à Frasnes et à Flobecq
à l'école moyenne. J'ai fait aussi quelques années dans le libre à Leuze. J'étais aussi
libre dans l'officiel que dans le libre mais sans critiquer le libre j'aimais bien l'école
officielle. Certains critiquent parfois,disant que l'enseignement
officiel, ce n’est pas si bon au niveau enseignement, c'est pourtant la même chose. Moi,
je dis que la famille éduque et l'école enseigne. L'école peut contribuer à l'éducation mais c'est la
famille qui éduque. Donc, tu mets un élève dans n'importe quelle école, si la famille n'est pas là
pour le suivre, ça n'ira pas non plus. Enfin c'est mon avis, mais je ne vais pas dire que c'est
l'évangile malgré que j'ai été prof de religion..."
Suite
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