La
ligne 87 écologique
"... A côté de la Grange passe l’ancienne ligne 87 de
chemin de fer qui va de Renaix à Flobecq jusqu’à Lessines.
Ici on est sur la partie qui va vers Flobecq
C’est devenu un sentier écologique. Cet endroit est
visité par des guides nature et des amateurs de nature qui
viennent faire des balades découvertes.
Comme
la Grange se trouve à côté du parcours du sentier, nous avons
régulièrement des baladeurs qui viennent consommer au Tea-room
et visiter la Grange. Ils aiment bien l’ambiance de l’endroit
et l’accueil. Cette
ligne 87 m’interpelle et m’attire beaucoup parce que je l’ai
connue depuis que je me suis installée ici. Les enfants ont
toujours aimé venir ici pour faire des cabanes et des balades
quand ils étaient petits. Il y a un endroit ici un peu plus
loin où il y a une source que l’on appelle la Buse parce que
l’eau sort par une buse et cette eau était potable à cette
époque-là. Les gens y venaient pour y remplir de l’eau avec
des bouteilles pour chez
eux. Maintenant, je ne pense pas qu’elle soit encore potable.
Alors
on n’en boit plus, malgré tout on va encore la voir. Ce n’est
pas très spectaculaire, c’est tout simple mais c’est un
petit lieu symbolique.
On
a toujours utilisé ce chemin de fer pour aller d’un endroit
à un autre, aller rendre visite à des amis qui habitaient l’autre
côté du chemin. Quand ma fille vient avec son enfant, mon
petit fils, se balader ici, cet endroit devient une espèce de
fil rouge pour nous depuis qu’on vit ici dans le quartier de
l’ancienne gare d’Ellezelles.
La
couleur au fil des saisons
Cet endroit est particulièrement joli parce qu’il y a un
changement de couleurs selon la saison. Ici, c’est l’ancien
pont du chemin de fer qui donne un peu le mystère et qui abrite
de chaque côtés des petites fondrières avec de l’eau et
dans cette eau vivent toutes sortes de batraciens. A mon avis,
cela devrait être considéré comme un refuge et cela devrait
être protégé parce que c’est quand même un habitat pour
une série d’animaux.
Plus
loin, il y a variation avec des endroits très arborés, des
endroits avec des ouvertures, de beaux points de vue, des beaux
points de vue avec de temps en temps un arbre qui est plus
ancien, plus remarquable qui est seul. Il y a beaucoup d’essence
de bois, d’arbres.
J’ai
connu plusieurs vielles personnes quand je suis arrivée ici qui
faisaient le sentier pour aller à leur maison ou pour aller
faire leur courses en vélo. Il
y avait la petite Madelo. Madelo qui passait devant chez moi ;
je parlais avec elle. Elle venait par le chemin de fer, puis
prenait un petit raccourci jusqu’à sa maison.
Elle ne passait que par les petits chemins et m’a montré
des sentiers que je ne connaissais pas. Et il y avait aussi
Maria qui habitait au bout de ma rue et dont l’arrière de sa
maison donnait sur le chemin de fer. Quand je promenais, elle était
toujours en train de planter et de tailler. Elle entretenait le
chemin de fer presque comme si c’était son jardin. Elle y a même
fait des plantations. C’était une dame très intéressante
qui faisait la collection de toutes sortes d’objets des deux
guerres : des armes, des cartes postales, des uniformes.
Elle avait vraiment un musée chez elle et elle m’invitait
chez elle pour me le montrer. Ce sentier est rempli de tous ces
souvenirs. En automne, il est vraiment très beau parce qu’il
y a les couleurs des arbres et le soleil qui passe avec des espèce
de taches lumineuses entre le feuillage.
Salade
de plantes
Je suis très réservée sur le fait de cueillir des plantes
sauvages et médicinales dans la nature pour les mettre chez soi.
Il y a des endroits où il y en a très peu. Si on en prélève
trop, cela risque de disparaître donc je préfère ne pas les
prendre dans la nature. Pratiquement toutes les plantes sauvages
sont comestibles. Pas
toutes mais pratiquement toutes, donc on peut les utiliser au
printemps quand elles sont jeunes.
Les petites pouces que l’on cueille, on peut les mettre
dans une salade. Moi j’appelle
cela le mesclun, j’utilise le mot méditerranéen qui veut
dire mélange et cela donne un goût et des vitamines à la
salade. Je conseille aux gens de ne pas faire cela par eux-mêmes
s’ils ne s’y connaissent pas.
Le
privilège de la campagne
Je
pense qu’actuellement on est privilégié en vivant à la
campagne. On a l’espace,
de la verdure et le contact avec les gens.
C’est cela aussi qui fait la beauté du pays, le
contact, connaître les gens personnellement, ne pas être un
numéro. Maintenant, il
suffit d’acheter un terrain et de construire sa maison et d’y
vivre ; même pas y vivre, il ne faut même plus s’intégrer. On n'est pas trop impliqué par ce qui se passe autour de soi.
Je pense que maintenant c'est un peu la mentalité.
Je ne dirai pas que tous les nouveaux habitants sont
comme cela mais en général les gens sont moins impliqués. Il
y a un risque, surtout si les gens viennent juste vivre, dormir
et travailler ailleurs en envoyant leurs enfants dans des écoles
à l’extérieur.
Inculquer
et expliquer aux nouveaux habitants l’esprit du Pays des Collines
parce que c’est eux qui vont continuer. Je pense qu’il
faudrait créer une cohésion entre les anciens et les nouveaux
et aussi avoir un lien entre les jeunes et les personnes âgées
Les gens pensent que ce n'est pas important.
Ce n’est plus tard que cela revient.
Question
de transmission
Quand les anciens ou les nouveaux anciens auront disparu, je ne
sais pas comment cela va perpétrer donc il faut continuer à
informer les enfants. Il
faut transmettre, parler, montrer, raconter des histoires. Il y
en a quand même pas mal qui racontent des histoires dans le Pays
des Collines. Je pense que raconter des histoires, c’est une
façon très ancienne et très pertinente d'informer.
Si
un jour, je quitte le pays des collines, c’est vraiment parce
que l’on m’y oblige ou parce que je ne pourrai faire
autrement. Je n'ai
pas envie de vivre ailleurs qu’ici !
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