Et l’ermite et Liedericq d’échanger leurs souvenirs au coin du feu et de se raconter l’un à l’autre depuis la dizaine d’années qu’ils sont séparés...

 

D’abord, Liedericq raconte ce qu’ils a appris en Angleterre, car vers ses 10 ans, l’ermite l’a envoyé dans ce pays, à la cour d’un roi local où il a fait son apprentissage. Il s’est exercé au métier des armes, à l’agriculture, au défrichage, à l’assèchement de marais. Dans une petite abbaye, il a lu des livres sur les techniques, a fréquenté des savants. Tout cela lui sera bien nécessaire plus tard, quand, selon la légende, il entreprendra son oeuvre de développement de la Flandre. Alors, avec nostalgie, l’ermite rappelle à son protégé le passé, cet an de 620 où le comte Phinaert du Bucq, l’infâme – que Satan lui ronge les tripes – attaqua la caravane du père de Liedericq et le tua...  Mais écoutons des extraits de la légende telle qu’on la chantait encore au début du 20e siècle à Amougies... en ancien français.




Triste est l’histoire de Liedericq, Fils de Salvaert, prince de Dijon et d’Ermengarde de Roussillon :

« Salvaert battu sur ses terres de Dijon après une longue guerre de religion quitta sa région pour l’Angleterre, île bastion. Tous cheminaient droit au nord. Sans s’égarer, ni rôder aux abords. Salvaert avait à sa suite quelques hommes de mérite, les plus hardis aux coups et son épouse enceinte était saisie de crainte, mais suivait son époux. Hélas, l’ambitieux Phinaert rôdait de toute part pour faire du butin ! Jaillis des fourrés pour la battue, les brigands se ruent et tuent. La princesse s’échappe et fuit dans la forêt sans foi ni merci. Phinaert en folie et rage la poursuit dans les bocages. Epuisée et inquiète, la princesse se cache sous un buisson où elle accouche de détresse d’un beau petit garçon. Elle le muche sous les feuilles et s’éloigne l’esprit en deuil".

"A l’écart, ils ont pris cette femme qu’ils ont menée à Phinaert. La fit emprisonner bien à part et la tient captive. Un ermite au bocage allant puiser de l’eau près de son ermitage, à la fontaine del Sault, il entendit naissante, une voix languissante pleurant amèrement. Dedans le bois s’enfonce,  et trouva sous les ronces, ce beau petit enfant. Par charité humaine, voyant cet innocent, de l’eau de la fontaine, sitôt le baptisa ; et pour nom de baptême, il le nomma à l’heure même, Liedericq comme lui. L’a emporté dans l’ermitage, l’élevant de façon sage jusqu’à ce qu’il fut grand. Lorsqu’il eut atteint l’âge du bon sens et de raison, l’ermite lui révéla le forfait de Phinaert puis l’envoya en Angleterre parfaire son éducation".  

 

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